La difficile reconnaissance de la blessure d'abandon
Arrive toujours un moment où le blessé d'abandon doit
reconnaître sa blessure, pour pouvoir prendre conscience et travailler ses
nombreuses implications nuisibles dans sa vie, ainsi que celle de ses proches.
Cette évidence n'en est pourtant pas une dans la pratique.
Ce moment correspond en général à une période de crise, c'est à dire à une étape lors de laquelle le blessé d'abandon et ses proches souffrent vivement des conséquences de cette blessure dans leurs relations, au point de vouloir impérativement susciter un changement. Or la nature même de la blessure d'abandon amène trop souvent la personne concernée à fuir, quitter, abandonner ses proches : il s'agit de sa solution de choix (et répétée) permettant de sortir de la crise... sans avoir à se remettre en question.
Les proches vont souvent vivre cette rupture de manière difficile. Le conjoint qui n'est pas toujours demandeur de cette rupture, ne s'y opposera pas obligatoirement non plus, ne sachant simplement plus comment s'y prendre avec l'instabilité régulière du blessé d'abandon. Balloté entre l'amour fusionnel étouffant, les mises à l'épreuve irraisonnables et continuelles destinées à prouver l'amour improuvable, et la violence blessante des vengeances contre l'inconsciente ancienne figure d'attachement, le conjoint se résout à accepter... Tant et si bien que la rupture peut devenir définitive.
Le contexte change, les acteurs changent, les lieux et moments changent, mais le scenario reste toujours le même, tant que la blessure d'abandon n'a pas fait l'objet d'une prise de conscience, première étape à la seule voie véritable vers un amour libre et inconditionnel.
La reconnaissance de la blessure d'abandon est donc une première victoire dans le long combat du blessé d'abandon et de ses proches.